En 2019, souhaitons-nous le courage de lutter, et la force de savourer

En 2019, souhaitons-nous le courage de lutter.
Mobilisons-nous sans relâche, marchons, harcelons nos dirigeants, faisons entendre nos voix de citoyens et de consommateurs, marchons encore, souhaitons-nous la détermination de ne pas vaciller.
Souhaitons-nous de nous informer, de rester curieux, intraitables sur nos sources, de soutenir les associations, les mouvements qui s’engagent, de sensibiliser nos proches.
Souhaitons-nous la force de changer notre façon de consommer, de trier nos déchets, de fabriquer nos produits ménagers, de se mettre au covoiturage, d’abandonner les supermarchés, de changer de fournisseur d’énergie, de nettoyer nos plages, de dire non aux voyages d’affaires inutiles.
Et puis encore souhaitons-nous de refuser le plastique à usage unique, de boycotter les multinationales irresponsables, d’adopter des alternatives respectueuses pour l’homme et l’environnement, , , .
Souhaitons-nous d’en finir avec le déni, d’accepter de regarder l’avenir droit dans les yeux, de refuser de déposer les armes, de faire sa part du colibri, de faire plier le système, ou au moins d’essayer parce que nous n’avons pas le choix, ou plutôt parce que, justement, nous l’avons : quand on gagne le Smic en France, on gagne en un an ce qu’un agriculteur du Ghana mettrait 119 ans à obtenir. Quand on gagne plus de 16.000 euros par an, on fait partie des 4,76% des personnes les plus riches au monde (à 20.000 euros par an, cela tombe à 2,62%, faites donc le calcul par ici…). Alors, quand on a le choix, souhaitons-nous de faire le bon.
Souhaitons-nous de lutter, sans relâche.

Et néanmoins, souhaitons-nous la force de continuer à savourer.
, ici, là où nous sommes, et pas là-bas où on a faim, où on fuit un conflit, où on vit sous la menace. Souhaitons-nous de continuer à sourire au matin, à parler à nos voisins, à chérir nos enfants, à saluer le soleil, à rire avec nos frères et sœurs, à cuisiner avec amour, à nous promener en admirant le ciel, à écouter le chant des oiseaux tant qu’il y en a, à faire la sieste sous un arbre, à dîner avec nos amis, .
Souhaitons-nous de nous souvenir des bons moments, d’en cultiver d’autres pour demain, et après-demain, de nous extasier devant la beauté d’une plante qui pousse, de faire des surprises à nos proches, de donner des coups de pouce à des inconnus, de faire un coucou aux étoiles avant d’aller nous coucher.
Souhaitons-nous de remercier notre corps d’être en bonne santé, de plonger dans la mer, d’apprécier d’avoir un toit, de nous extasier face au ballet de l’infiniment grand, qui nous dépasse tant, de border le petit dernier en lui caressant la joue, de caresser les fleurs du printemps, d’embrasser les arbres, d’écouter de la bonne musique, de rire à gorge déployée, de nous émouvoir face à l’enfance, de danser tant qu’on le peut, de trinquer au bonheur d’être en vie, à la douceur d’être entouré, à la chance d’être là.

Chaque jour, les nouvelles du monde tombent, comme des mouches, comme des tuiles, comme des couperets, comme si de rien n’était.
En 2019, regardons-les, retenons-les, combattons-les, insurgeons-nous. Et en même temps, n’oublions pas de faire ce pas de côté qui nous permettra de ne pas nous les prendre sur la tête. Gardons notre jeunesse, notre humour, notre joie de vivre, notre naïveté même, celle de croire que tout n’est pas perdu. Conservons bien précieusement les moments qui nous appartiennent, les amitiés qui nous sont chères, la vie que nous nous faisons, les souvenirs que nous nous fabriquons. Gardons-les bien au chaud, sur quelque étagère de notre âme, chérissons-les, cultivons-en d’autres, cent autres, mille autres, autant qu’il nous sera possible d’en imaginer.

Plus tard, un jour, c’est sûr, nous serons heureux de l’avoir fait.
Lutter, et savourer : dans les deux cas, en 2019, il ne faut rien lâcher.