Peu avant 9h, environ 140 étudiants et activistes de l’association ANV–COP21 sont entrés au siège de la Société générale, à La Défense. L’entrée s’est faite de façon fulgurante, au moment où les salariés entraient dans la banque pour y travailler.Les étudiants se sont placés bras dessus bras dessous dans le grand hall, devant les tourniquets et ont chanté « On est plus chauds que le climat » et « Et un, et deux, et trois degrés, c’est un crime contre l’humanité ».
En tant que pourvoyeurs de fonds de l’industrie fossile, les banques ont un rôle clé à jouer dans la transition énergétique. Mais loin de montrer l’exemple, elles ignorent les impératifs climatiques et continuent à financer les énergies fossiles les plus polluantes dans le monde. Charbon, sables bitumineux, gaz de schiste, forages en Arctique et en eaux profondes, Société Générale est la première banque française à financer les énergies sales… Elle soutient notamment le développement du terminal d’exportation de gaz de schiste Rio Grande LNG et du gazoduc Rio Bravo Pipeline au Texas, qui contribueraient à émettre autant que 44 centrales à charbon, et menacent les conditions de vie des communautés locales et des peuples autochtones.
Le 8 septembre dernier, plus de 700 activistes des Amis de la Terre et d’ANV-COP21 avaient déjà nettoyé 40 agences locales de Société Générale, appelant la banque à mettre fin à ses soutiens aux énergies fossiles, et à se retirer du projet Rio Grande LNG. Interpellée par les militants et sollicitée par les médias, Société Générale a publié sur son site internet une réponse présentant ses engagements climat : alors que l’Accord de Paris a pour objectif de limiter le réchauffement bien en-deçà de 2°C et de tendre au maximum vers 1,5°C, Société Générale se réfère pour sa politique climat non pas au scénario « Beyond 2°C », mais au scénario « Sustainable Development » de l’Agence Internationale de l’Énergie qui a vocation à suivre une trajectoire 2°C, insuffisant pour atteindre les objectifs de l’Accord de Paris.
Société Générale se défend en mettant en avant ses financements verts, qui ne peuvent constituer une réponse à l’urgence climatique s’ils ne sont pas accompagnés d’une remise en cause de ses financements noirs. Cette stratégie permet à la banque de soutenir le développement de nouvelles infrastructures qui poussent en amont l’extraction d’énergies fossiles, y compris l’ouverture de nouvelles réserves, et impliquent en aval la construction de nouvelles centrales électriques, alors que toute nouvelle infrastructure électrique carbonée construite après 2017 se situe déjà hors budget carbone.
La mobilisation se poursuivra pour dénoncer les activités destructrices de Société Générale : les Amis de la Terre et ANV-COP21 appellent à mener une « opération nettoyage » massive de l’agence centrale parisienne de Société Générale le 14 décembre, jour de la clôture de la COP24, si celle-ci ne revoit pas d’ici-là sa politique.
Vous aussi, vous souhaitez dire à la Société Générale ce que vous pensez d’elle ? Si nous sommes des centaines de milliers à l’envoyer, la banque finira peut-être par comprendre qu’elle doit agir !
Source : le rapport “Société Générale, plein gaz sur les fossiles” publié par les Amis de la Terre en mars 2018.