EDF fuit ses responsabilités ? Fuyons EDF en changeant de fournisseur !

C’est un signal d’alerte fort : la Commission de recherche et d’information indépendantes sur la radioactivité (Criirad) vient de démissionner de la commission locale d’information (Cli) [1] de la centrale nucléaire de Cruas-Meysse (Ardèche) par une lettre adressée au président de la Cli, Pascal Terrasse. « Nous souhaitons pouvoir intervenir auprès de la Cli en tant qu’expert mais nous ne voulons plus participer à cette mascarade. Nous avons constaté des dysfonctionnements lourds, qui pourraient engendrer des expositions injustifiées à la radioactivité, menaçant les travailleurs, les riverains et l’environnement », a déclaré à Reporterre Sylviane Poulenard, administratrice de la Criirad et ex-membre de la Cli.

En cause ? Une rétention d’information à la fois inadmissible et dangereuse. En mai 2018, EDF, exploitant de la centrale, a par exemple découvert une concentration de tritium près de vingt fois supérieure à la normale –- 190 becquerels par litre au lieu de 10 –- au niveau des captages d’eau potable de la centrale qui alimentaient notamment la cantine. « L’ASN [Autorité de sûreté nucléaire] n’a été informée de cette anomalie que très tardivement, et les membres de la Cli l’ont appris dans la presse », s’insurge Mme Poulenard. En août 2018, des hydrocarbures ont été détectés dans la nappe d’eau souterraine sous la centrale. « Là aussi, l’information n’est pas venue tout de suite. Nous l’avons également appris dans la presse. »

EDF préfèrerait-elle mettre en danger la population plutôt que faire face à ses responsabilités ? On y est presque : la réunion publique prévue le 17 décembre, dans le cadre de la concertation sur le prolongement des réacteurs de la centrale au-delà de quarante ans, « a été présentée comme une réunion de concertation, alors qu’il ne s’agit que d’une histoire de communication, dénonce Mme Poulenard. Notre avis ne sera pas pris en compte, surtout que le processus de prolongation est déjà lancé. Nous avons calculé qu’au terme du processus de réexamen en vue de la prolongation, les réacteurs auront déjà entre 44,5 et 50 ans ! »

Boycotter EDF : une nécessité

Nous ne boycotterons pas seulement EDF pour soutenir la Crrirad. Dans son Guide de l’électricité Verte, Greenpeace épinglait déjà le Groupe à plusieurs titres :

1. Ces dernières années, EDF a fermé six centrales au fioul et au charbon en France, mais en 2017, EDF détenait encore des parts dans près de 90 centrales thermiques en Europe, dont sept centrales au charbon.

2. En 2017, l’électricité produite par EDF en Europe était à plus de 80% d’origine nucléaire, une énergie non renouvelable, polluante et dangereuse. En France, EDF détient 58 réacteurs et prévoit de prolonger leur durée de vie de dix ou vingt ans, en dépit des risques de défaillances liées au vieillissement des centrales et des coûts croissants. C’est en contradiction totale avec la loi votée en 2015 qui programme en France la réduction de la part du nucléaire et qui prévoit donc qu’EDF ferme des réacteurs pour se conformer aux objectifs légaux. Le groupe a aussi massivement investi dans la construction de nouveaux réacteurs, en France (l’EPR de Flamanville, qui accumule les retards et dont le coût ne cesse de grimper) et à l’étranger (l’entreprise est lourdement engagée dans le projet Hinkley Point au Royaume-Uni).

2. Le nucléaire reste le pivot de la politique de développement de l’entreprise. EDF exerce un fort lobby en France et en Europe pour ralentir le développement des énergies renouvelables et promouvoir la technologie nucléaire.

Pour changer de fournisseur en deux temps trois mouvements, c’est par ici !