Alors qu’il ne ne nous reste peut-être plus que deux ans pour gérer l’effet boomerang de nos désastreuses erreurs humaines, c’est peut-être notre dernier tour de passe-passe, la dernière carte qu’on ait en main. Le tapis. Le boycott. Une réaction massive de citoyens sidérés par l’immobilisme du politique, par la course folle d’un système défaillant, et refusant de rester spectateurs.
Or, saviez-vous que les fournisseurs d’énergie peuvent avoir un impact très conséquent sur l’environnement (la production d’électricité de la France pèse tout de même 27,9 millions de tonnes de CO2 soit 20,5% de plus qu’en 2016) ? Alterna, Direct Énergie, EDF, ekWateur, Engie, Enercoop, GEG, Planète Oui, Plüm, Proxelia, Total Spring… Depuis que le marché de l’électricité s’est ouvert à la concurrence, et pour toucher des consommateurs toujours plus soucieux de leur impact environnemental, les nouveaux opérateurs se sont engouffrés sur le créneau des offres « vertes » , privilégiant l’électricité issue de sources renouvelables (petite hydraulique, éolien, géothermie, solaire ou biomasse).
Les offres vertes ne le sont pas vraiment
Nombreux sont les fournisseurs qui achètent de l’électricité essentiellement nucléaire, et qui la « verdissent » grâce au mécanisme des certificats de « garantie d’origine ». Cela s’apparente à du greenwashing… et pourtant c’est tout à fait légal (merci la réglementation européenne!). Résultat : difficile pour nous, consommateurs et consommatrices, de savoir si notre fournisseur achète de l’électricité d’origine nucléaire, fossile ou renouvelable – mis à part auprès des rares fournisseurs qui jouent volontairement la carte de la transparence.
La bonne nouvelle, c’est que Greenpeace a fait le boulot pour nous, en publiant en septembre denier un classement des fournisseurs et un Guide de l’électricité verte. L’ONG a évalué 19 fournisseurs d’électricité (électricité produite, électricité achetée, politique d’investissement), et a réalisé une fiche pour chaque fournisseur détaillant son action en matière d’énergies renouvelables. En tenant compte de ces critères, chaque fournisseur a été réparti dans l’une des catégories suivantes : « Vraiment verts », « En bonne Voie », « À la traîne » et « Vraiment mauvais ».
Et dans les « vraiment mauvais », il y a notamment… Engie ! Engie ? C’est le fournisseur né de la fusion entre Gaz de France et Suez en 2008. L’Etat français en est actionnaire à hauteur de 24 %. Fournisseur historique de gaz en France, Engie est le deuxième plus gros producteur d’électricité après EDF. Mais Engie n’est pas tout à fait raisonnable…
Quand Engie ne joue pas le jeu
– Engie joue sur les mots quand elle parle d’énergie verte
Engie propose des offres qu’elle qualifie de « 100 % vertes »… sans pour autant vendre uniquement de l’électricité d’origine renouvelable. En réalité, Engie fournit aussi de l’électricité non renouvelable et la « verdit » en achetant des « garanties d’origine ». Alors certes, Engie produit aussi de l’électricité renouvelable. En France, l’éolien, le solaire et l’hydroélectricité représentent plus de 60 % de ses capacités installées. Mais à l’échelle européenne, le chiffre tombe à 19 %… Bien loin des 100% promis.
– Engie n’est pas pressée de fermer ses centrales à charbon
En Europe, depuis 2013, Engie a fermé quatre centrales à charbon… Mais elle a encore 19 centrales à charbon en exploitation ou construction dans le monde, dont 6 en Europe.
– Engie mise sur le nucléaire
Si dans les deux années qui viennent, Engie prévoit de raccorder 290 mégawatt (MW) de solaire et éolien en Europe, elle investit fortement, en parallèle, dans le nucléaire. Engie produit de l’électricité nucléaire en Belgique, via sa filiale Electrabel : en tout, cela représente près d’un tiers de la production d’électricité du groupe en Europe. Plus grave, Engie continue d’investir dans le nucléaire dans l’optique de prolonger la durée de vie des centrales nucléaires existantes, en particulier les réacteurs les plus anciens (Doel 1, Doel 2 et Tihange 1).
Evaluer son fournisseur : facile avec le guide de Greenpeace
Tant que le groupe poursuivra ses investissements dans le nucléaire et le charbon, il sera considéré comme un « très mauvais » fournisseur. Alors on fait quoi ? En attendant qu’Engie reconsidère ses priorités et accepte de mettre sa stratégie globale au diapason des enjeux environnementaux auxquels nous sommes confrontés, on peut changer de fournisseur, tout simplement.
Tout simplement ? Absolument. Parce qu’il y a des bonnes nouvelles dans ce monde de fous : grâce au Guide de l’Electricité Verte publié par Greenpeace, très clair et bien fait, on peut comparer les fournisseurs et opter pour une entreprise qui contribue vraiment au développement des énergies renouvelables. Comme, par exemple Energie d’Ici, Enercoop, ou Ilek. Soit trois fournisseurs dont l’électricité est réellement d’origine renouvelable, sans nucléaire ni énergie fossile. De quoi réduire drastiquement son empreinte écologique, et contribuer activement à la transition énergétique.
Changer de fournisseur en 5 minutes chrono
Vous avez peur de passer des heures sur un standard téléphonique avant de tomber sur une personne qui vous posera des questions complètement obscures auxquelles vous ne saurez pas répondre ? Le progrès a du bon: quitter son fournisseur d’énergie, c’est devenu presque simple : en quelques minutes, vous pouvez changer de fournisseur d’électricité. Et c’est le nouveau fournisseur qui s’occupe de résilier votre abonnement avec l’ancien, le tout sans frais, sans coupure d’électricité… et sans gaz à effet de serre et déchets nucléaires. Chiche ?