Benzisothiazolinone, glutaral, phénoxyéthanol… Non, ceci n’est pas le nécessaire pour peaufiner la panoplie du petit chimiste de votre neveu. Avec ces substances, certaines marques proposent de laver, récurer, venir à bout des tâches tenaces, désincruster le désincrustable et mater le gras sans tracas… et sans frotter. Et nous les utilisons trop souvent les yeux fermés, et sans compter : savez-vous que la quantité de déchets ménagers par personne a été multipliée par deux en 40 ans, et atteint désormais une moyenne de 450 kg par an (soit plus d’1 kg par jour) ? Puisque Mr. Propre a été le premier pioché à la grande loterie du produit ménager toxique, ce sera lui et son crâne plus brillant qu’un diamant qui seront les premiers visés.
Un matin qui sent le roussi
Le nom était pourtant séduisant, fraîcheur annoncée, encore un peu et le produit de Mr. Propre aurait été vendu comme plus pur que l’air pur. Oui mais voilà, dans le Mr. Propre « Fraîcheur du matin avec Febreze », un nettoyant multi-usage (à n’utiliser que le matin… ? Merci de nous dire à quel moment de la journée nous devons faire le ménage, au passage), quatre substances classées allergisantes dans la réglementation européenne (directive 76/768 / EEC) ont été détectées. La fraîcheur du matin commence à tourner au vinaigre (ce qui tombe bien ceci dit, nous le verrons plus bas). Le matin donc, Mr. Propre propose un réveil vivifiant à base d’HICC (hydroxyméthylpentylcyclohexènecarboxaldéhyde de son petit nom scientifique), de benzisothiazolinone et de glutaral, deux conservateurs également considérés comme allergisants. Allergisant, c’est-à-dire : irritant pour la peau mais également pour le système respiratoire qui inhale des effluves par voies aériennes.
Do you speak pattes de mouches ?
Pas jojo le grand chauve ? Mais il n’est pas le seul au rayon produits ménagers : Ajax, Ariel, Canard, Carolin, Cif, Cillit Bang, Destop, Febreze, Harpic, La Croix, Mir, Pliz, Saint-Marc, Sanytol et même… Rainett (on avait pourtant bien envie de lui faire confiance à cette grenouille !)… Alors évidemment, du côté des industriels tout ceci se justifie : comment créer un produit miracle qui détruit tout sur son passage si l’on n’y met pas un peu de produit corrosif dedans ? C’est là aussi que le bât blesse. La législation impose aux fabricants certaines mentions sur les étiquettes concernant la composition des produits mais aussi leur mode d’emploi, dosage ou précautions d’usage. Mais à moins d’une acuité visuelle hors du commun, ces étiquettes restent tout à fait illisibles. Evidemment, le petit logo tête de mort, la mention « produit hautement inflammable » et autres pictogrammes évocateurs nous mettent sur la piste : ne surtout pas acheter ce produit !
Tolérance zéro pour les produits chimiques
En 2016, le magazine 60 millions de Consommateurs, consacrait sa Une aux produits ménagers, suite à une étude pour le moins terrifiante. Adeline Trégouët, alors rédactrice en chef déléguée, y notait que : « Contrairement aux cosmétiques, les articles des rayons entretien et droguerie sont peu étudiés. La mention de leur composition sur l’emballage n’est pas obligatoire. » Kuf kuf kuf… vous toussez ? C’est sans doute Minidou Jardin de fraîcheur qui vient de laisser s’évaporer dans l’air ses six parfums et six conservateurs allergisants. Si les risques pour la santé sont avérés (brûlures de l’épiderme, réactions allergiques cutanées, affections des voies respiratoires, maux de tête, sécheresse conjonctivale…) certaines personnes sont même devenues totalement intolérantes à ces produits utilisés au quotidien. Les « multiple chemical sensitivity » ou « sensibilité multiple aux produits chimiques » (MCS) sont des personnes ultrasensibles au moindre produit chimique, et malheureusement, les occasions ne manquent pas, notamment en ce qui concerne l’hygiène de la maison.
A ce propos, on aimerait d’ailleurs beaucoup avoir des nouvelles de qui, fut un temps sur nos écrans de télévision, se lançait avec fougue sur une table en bois tel un pingouin sur la banquise. Vous vous en souvenez sûrement, c’était une publicité pour la marque Pliz…
Canard versus poissons
Comme c’est le cas assez souvent, ce qui n’est pas bon pour l’humain ne l’est pas non plus pour la nature, ni pour Marie-Pierre Casey. Ainsi, les nombreux produits ménagers qui partent dans les canalisations sont extrêmement néfastes pour l’environnement. Pour exemple, l’acide chlorhydrique contenu dans le Canard WC (qui peut brûler la peau) est très toxique pour les poissons, coquillages, crustacés et la flore aquatique. Sans compter que tous ces produits, dans leur packaging rutilant en plastique, sont souvent à usage unique. Le gaspillage est total. La boucle est bouclée, comme vous pourrez le constater avec cette magnifique infographie…
Alors comment faire, nous direz-vous ? Ne vous en faites pas, c’est facile : il nous suffit de passer au crible nos produits ménagers pour analyser leur impact… et nous convaincre de fabriquer nous-mêmes nos recettes. Très simples à réaliser, tout aussi efficaces que les produits qu’on nous vend, nettement moins chères : aucun doute, c’est à notre portée ! Par ici le mode d’emploi !