En 2017, l’association helvète En Vert Et Contre Tout lançait le défi « Un mois sans supermarché ». Après le succès de sa première édition, elle a rassemblé 20.000 personnes en 2018, et réitère l’opération cette année. Le Boycott Citoyen, qui organise des journées sans achat depuis le mois d’octobre, et qui boycotte les supermarchés, soutient l’initiative et vous donne quelques astuces pour relever le défi.
Premier temps : réaliserSelon une étude de l’ONG Oxfam publiée l’été dernier, « Derrière le code-barre, des inégalités en chaîne », la grande distribution mondiale utilise sa phénoménale puissance d’achat pour réduire les prix et faire pression sur les agriculteurs et producteurs… qui gagnent toujours moins depuis 20 ans, en France et dans le monde.
Résultat : les 8 premières grandes surfaces du monde cotées en bourse ont réalisé 1 000 milliards de dollars de ventes en 2016 et près de 22 milliards de bénéfices. « Au lieu de réinvestir dans leurs fournisseurs, elles ont reversé la même année plus de 15 milliards de dollars de dividendes à leurs actionnaires« , indique l’étude. En France, le géant Carrefour a ainsi réalisé 894 millions d’euros de bénéfices en 2016 et reversé 510 millions d’euros de dividendes. « Si l’entreprise n’avait reversé ne serait-ce que 1 % de ce montant aux ouvriers vietnamiens dans le secteur de la transformation de la crevette, plus de 14 200 d’entre eux auraient pu accéder à un revenu vital« , explique Oxfam. Et ce n’est pas tout : la puissance d’achat du secteur, qui fait baisser continuellement les prix, exacerbe aussi les risques de violations des droits de l’homme et des droits du travail… Précarisation sans limite, enfants au travail et harcèlement sont légion dans le secteur agricole et alimentaire, résume l’ONG.
Deuxième temps : réagir en tant que consommateur
Evidemment, en tant que consommateurs, nous nourrissons le système en nous rendant dans les supermarchés. A chaque fois que l’on remplit son caddie dans une grande surface, on cautionne indirectement des pratiques injustes et dangereuses pour notre avenir. La bonne nouvelle ? On peut faire ses course autrement. Depuis une dizaine d’années, les agriculteurs, ruinés et épuisés par des méthodes agricoles conventionnelles mortifères, se lancent dans les circuits courts. L’idée de génie : se passer des moultes intermédiaires qui se servent des marges plus que conséquentes, au détriment des producteurs et des consommateurs, et recréer du lien entre ceux qui cultivent et ceux qui dégustent.
Premier mouvement : la vente à la ferme
Qui dit circuits courts dit vente à la ferme, où les agriculteurs vous proposent la production de leur exploitation : vente directe de légumes et de fruits, de viande, de fromages, de vins, de miel, de confitures… Non seulement vous profitez de la fraîcheur, de la qualité, et de la traçabilité des produits, mais vous pouvez échanger avec le producteur si vous avez des questions, et même visiter sa ferme ! Les réseaux nationaux sont nombreux, : il y a les désormais bien connues AMAP, mais aussi Bienvenue à la ferme, ou encore Acheter à la source. Et puis il y a aussi Chapeau de paille, un groupement de producteurs de fleurs, fruits et légumes qui ouvrent leurs potagers aux consommateurs : on peut y cueillir jusqu’à 15 produits différents. Les réseaux locaux se multiplient eux aussi. Quelques exemples ? La binée paysanne qui opère en Côte d’Armor : on commande les produits souhaités sur le site et on les récupère le vendredi au dépôt-vente le plus près de chez soi. A Grenoble, La Charrette Bio, une camionnette livre en différents point de la ville les produits bio commandés la semaine précédente… Et il y en a mille autres !
Deuxième mouvement : la vente livrée chez vous par la ferme
Si vous avez du mal à vous déplacer, vous pouvez aussi vous faire livrer directement les produits de la ferme chez vous. Là aussi, il y a l’embarras du choix au niveau national. On peut directement se faire livrer des assortiments de fruits et légumes, comme par exemple avec Mon Panier Bio. Mais il existe aussi de nombreuses formules sans abonnement et sans panier imposé : Le panier paysan, par exemple, est un site de livraison à domicile, en entreprises ou en point relais de viandes, légumes, fromages, produits laitiers, à la carte ou au panier. Créé à l’origine en Provence, il fédère aujourd’hui 12 initiatives dans toute la France : Var, Drôme, Ardèche, Loire, Ain, Auvergne, Franche-Comté… Locavor, Les Amis de la ferme, La Ferme du bio, Les Colis du boucher sont également des solutions à découvrir. Il y a également Les jardins de Cocagne, qui allient insertion et vente de paniers dans 110 jardins sur l’ensemble du territoire français, et, pour les amateurs de poissons durables, Poiscaille, le site de circuits courts de produits de la mer, des poissons et crustacés livrés en direct du pêcheur dans toute la France.
Chaque région développe aussi ses propres circuits. En dresser une liste exhaustive relève de la mission impossible, mais citons notamment Ecomiam qui met en relation producteurs et consommateurs de viande congelée et fraîche en Bretagne, Pays de la Loire, Haute et Basse Normandie.
Troisième mouvement : les magasins de proximité
Se passer des supermarchés, cela donne aussi l’occasion de se renseigner sur les alternatives responsables à côté de chez soi… Et elles poussent comme des champignons, ces temps-ci ! Jetez donc un œil sur cette carte qui vous indique les adresses des épiceries de vrac dans toute la France, et surtout, prenez le temps de vous balader, de discuter avec vos voisins : les petits commerçants font de réels efforts pour se fournir en produits sains auprès de producteurs locaux… Soutenons-les en leur rendant visite !
Les boycotteurs citoyens ont la parole : n’hésitez pas à indiquer en commentaire les alternatives que vous recommandez, et à aller découvrir les bons plans des autres