Laogaï : c’est le nom des camps de travaux forcé en République populaire de Chine. La traduction littérale signifie « rééducation par le travail ». A partir des années 1950, et d’après le modèle soviétique des goulags, Mao Zedong instaure ces camps à travers tout le pays. Selon des ONG, il y aurait encore près de quatre millions de prisonniers. Retenus dans des conditions extrêmes, ils sont contraints de produire des biens, destinés entre autre au marché européen. Parmi les détenus, on retrouve des criminels mais souvent il s’agit de dissidents du pouvoir. Le documentaire de Hartmut Idzko « Laogaï – le goulag chinois » offre le témoignage traumatisant de trois ancien prisonniers : la Tibétaine Ama Adhe, l’écrivain et musicien Liao Yiwu et Harry Wu, fondateur de la Laogaï Research Foundation.
Dans un entretien avec Arte, Hartmut Idzko, journaliste et correspondant pour l’Asie de la première chaîne allemande publique ARD pendant de nombreuses années, explique que les travailleurs forcés de ces camps sont des opposants au régime et non des prisonniers de droit commun, et que le gouvernement chinois peut enfermer des gens pendant quatre ans sans jugement… Tout récemment, plus de 180 défenseurs des droits civiques ont été internés.
Le problème ? Comme nous sommes, dans une très large mesure, dépendants des exportations chinoises, les Etats occidentaux ne souhaitent pas mettre leurs relations commerciales avec la Chine en danger. Souvent, les camps sont des usines modernes que les Européens viennent visiter et où ils peuvent passer commande directement. Mais, derrière le bâtiment, ils ne voient pas la prison dans laquelle la marchandise est produite : guirlandes de Noël, emballages pour l’industrie pharmaceutique, vêtements, animaux en peluche, ou des pièces de machine… Pratiquement chaque produit chinois bon marché qui se retrouve dans nos magasins a été fabriqué dans un camp de travail. Sans les laogaïs, la Chine serait incapable de produire à si bas prix.
Vous condamnez ces pratiques inhumaines ? Regardez bien les étiquettes, réfléchissez-y à deux fois avant d’acheter vos habits fabriqués en Chine, et boycottez H&M et autres marques de fast fashion !
Pour aller plus loin :
Après plusieurs années de recherches, le sinologue et politologue Jean-Luc Domenach révèle l’histoire du plus grand système de détention du monde.
Harry Wu, fondateur de la Laogai Research Foundation, raconte sa période de détention dans les camps de travaux forcés et ses investigations clandestines contre le système de laogaïs.
Ama Adhe, voix de la mémoire : Du Tibet libre à l’exil
La tibétaine Ama Adhe dut patienter courageusement durant vingt-sept ans dans un camp de prisonnier avant de pouvoir livrer son histoire.