Cible numéro 4 : H&M

Ahhhh, l’industrie de la mode… Pour proposer aux fashion addicts des coupes et des couleurs différentes à chaque saison, elle n’hésite pas à produire 150 milliards de vêtements par an, une quantité qui a triplé ne serait-ce qu’entre 2000 et 2014

Coton, viscose, polyester, teinture… un poids considérable sur l’environnement
Pour les produire, il faut 79 milliards de mètres cubes d’eau qui servent notamment à la culture du coton, souvent cultivé dans des régions arides. Résultat : de graves conséquences environnementales, telles que la disparition à 90% de la mer d’Aral. La viscose ? C’est pas mieux : elle nécessite l’utilisation de produits chimiques et de gaz nocifs tout au long de la chaîne d’approvisionnement, et les eaux usées non traitées sont déversées dans les lacs et cours d’eau à proximité, contaminant les populations locales et causant une désertification de la faune. Le polyester ? Encore pire : il représente 60% des fibres textiles utilisées dans le monde, libère à chaque lavage en machine des micro-particules de plastique qui finissent dans l’océan. Et pas qu’un peu : au final, ces micro-plastiques représentent 90% des déchets retrouvés dans l’océan… Et dans l’estomac des poissons. Miam.
Et ce n’est pas tout, malheureusement. Après le matériau en lui-même, il y a la fabrication : pour teindre le tissu, on utilise des machines pressurisées avec un bain de teinture à plus de 100°C, dans des usines asiatiques où l’électricité est produite en brûlant du charbon ou du gaz naturel. Bravo le bilan carbone, et ce avant même de transformer tous ces tissus en petits pulls et en jolies jupes… Bref, selon le rapport Climate Works de 2018, l’industrie de la mode émet 8,1% des gaz à effet de serre du monde, soit presque autant que l’ensemble du transport routier de la planète, selon les chiffres de l’Intergovernmental Panel on Climate Change.

Des promesses impossibles à tenir
Alors tout ça, évidemment, ce n’est pas QUE de la faute de H&M. Evidemment. H&M peut d’ailleurs se targuer d’être parmi les mieux classés par Greenpeace dans leur Detox Catwalk, avec Zara et Benetton. Éthoxylates de nonylphénols, phtalates, métaux lourds, alkylphénols, formaldéhyde, amines… L’entreprise s’est engagées à éliminer 11 substances de sa production d’ici 2020. Mieux : avec leur initiative Climate positive 2040, elle affirme non seulement réduire ses émissions de gaz à effets de serre, mais devenir contributrice positive d’ici 2040 !
La vraie question, c’est de savoir comment H&M compte y parvenir… Et sa proposition – produire des vêtements à partir de fibres recyclées, comme expliqué dans le clip  – reste très éloignée du vertueux « open loop recycling », qui consiste à recycler le plastique d’autres produits, comme les bouteilles, notamment utilisé par Patagonia, Hopaal et Ecohalf, selon Julia Faure, co-fondatrice de Loomdans un article paru dans le Nouvel Obs. Produire un vêtement à partir de fibres recyclées suppose un processus industriel très gourmand en CO2, et la technologie n’est pas au point dans la très grande majorité des cas. Résultat : même avec une hypothèse très optimiste de 40 % de fibres recyclées, on réduirait les émissions de CO2 de l’industrie de la mode de moins de 10%… Ce n’est pas tout à fait suffisant.

Des employés au rabais
Pour terminer, vous prendrez bien quelques nouvelles des petites mains qui, dans la fournaise des ateliers de confection en Asie, fabriquent les sweat-shirts H&M ? Ils ne vont pas tellement mieux que l’année dernière, ni que l’année d’avant. Les marques de fast-fashion travaillent avec des sous-traitants de sous-traitants de sous-traitants… qui rendent la traçabilité très très ardue, et la responsabilité encore plus difficile à prouver, comme l’a montré le catastrophique accident du Rana Plaza. Et s’il n’est pas tout à fait exclu que H&M parvienne un jour à savoir exactement avec quoi et dans quelles conditions est fabriqué son petit top rouge à pois, on est encore très loin du compte. Si ce n’était pas clair, i-boycott.org nous le rappelle: H&M ne respecte pas ses engagements envers ses ouvriers.

Si l’industrie textile pèse tant sur l’environnement et les hommes, et à un moment où l’ONU estime qu’il ne nous reste plus que deux ans pour agir sur le climat, on se dit qu’une bonne solution reviendrait peut-être à cesser de vouloir produire toujours plus à tout prix, quitte à accepter une petite baisse de chiffre d’affaires ? Malheureusement, ce n’est pas la stratégie choisie par H&M, qui n’hésite pas au contraire à brûler ses invendus (12 tonnes chaque année tout de même, pour une valeur totale de 4 milliards de dollars)… Un bien piètre exemple à donner, de la part d’une des griffes les plus connues à travers le monde, 23ème au classement Interbrand 2017, devant Ikea et Hermès

 

Les alternatives existent

-Vous pouvez acheter des marques qui produisent bien et intelligemment
Autant il y a 15 ans, le choix était maigre, mais aujourd’hui, il n’y a plus d’excuse : VejaPatagoniaMaison StandardsAsphalteHopaalLes Récupérables1083 … Et 1000 autres encore que vous pourrez trouver par exemple par ici. C’est trop cher ? Arrêtons de penser que le juste prix pour un tee-shirt est 5 euros. Ce n’est tout simplement pas possible. S’il est vendu à ce prix, c’est aussi au prix de l’esclavage des gens qui le fabriquent. A chacun d’acheter avec sa conscience.

Vous pouvez regarder l’étiquette
Si la matière est certifiée OEKO-TEX, cela certifie l’absence de produits toxiques. Et s’il est fabriqué en Europe, vous pouvez assumer que les ouvriers travaillent dans un cadre légal protecteur et que l’empreinte carbone est plus limitée.

Vous pouvez privilégier les occasions… et la sobriété
Les occasions, ce n’est plus l’apanage des Kiloshop et de Guerrisol. Aujourd’hui, les vide-grenier sont monnaie courante, les vide-dressing sont chics, et les trocs de vêtements s’organisent en un tour de main.

Après avoir lu ce billet, vous aurez bien compris que H&M, occupé comme il l’est à préparer sa prochaine collection Colorblock, ne changera pas ses pratiques à moins d’y être obligé… Chiche ? Invitez vos ami.es à rejoindre le mouvement du Boycott Citoyen, pour mettre fin à l’absurdité de la fast fashion. Cette semaine, le boycott d’Engie a mobilisé 25.000 personnes, et plusieurs centaines de consommateurs ont décidé de changer de fournisseur d’énergie et ont migré, dans la journée, vers un concurrent plus respectueux. Plusieurs centaines, c’est peu ? A nous de faire grossir nos rangs, pour donner plus de poids à nos décisions de consommateurs, et à nos convictions de citoyens… Chaque jour, Boycott Citoyen ajoute une marque à la liste noire des produits dont nous ne voulons plus, au nom de notre avenir.