La désobéissance civile n’est pas nécessairement synonyme de violence : la preuve avec GCO Non Merci

(Photo NS / Rue89 Strasbourg / cc)

La désobéissance civile n’implique pas nécessairement des actes de violence : elle peut tout simplement être une réponse pacifiste et néanmoins très déterminée de citoyens avertis et engagés face à des projets inadaptés de dirigeants incapables de prendre en compte les enjeux essentiels auxquels l’humanité est aujourd’hui confrontée. Le collectif GCO Non Merci vient d’en faire la démonstration parfait dimanche dernier, en allant planter des arbres non loin du Grand Contournement Ouest de Strasbourg…

Pour ceux qui ne connaissent pas, le GCO est un projet de 24 km d’autoroute à péage, qui a pour but de désengorger la section urbaine de l’A35 strasbourgeois, en passant par l’Ouest. Le souci ? Le projet implique la destruction de terres agricoles parmi les plus fertiles d’Europe, mais aussi de plus de 30 hectares de forêt près de Vendenheim, et le massacre d’un espace naturel exceptionnel entre les communes de Kolbsheim et Ernolsheim-sur-Bruche. 24 communes seraient directement impactées par ce projet… En 2005, une expertise indépendante, le « rapport TTK », a par ailleurs démontré l’inutilité du projet. Il semblerait que le projet d’infrastructure de contournement Ouest de Strasbourg ne soit pas une solution aux difficultés des automobilistes qui se rendent sur l’Eurométropole, en semaine principalement. Les porteurs du projet défendent une meilleure fluidité pour le transport des marchandises, et le désengorgement de Strasbourg n’est plus l’objectif (il ne l’a jamais été au regard de la conclusion de la commission d’enquête publique de 2006 qui écrivait : « le désengorgement de Strasbourg n’est ni l’enjeu ni l’objectif du GCO »).
Malgré ce constat, l’enquête publique en 2006 s’est conclue par un avis favorable. En  qui a débouché en janvier 2008 par la signature du décret en Conseil d’État de la déclaration d’utilité publique (DUP). Sur le point d’être abandonné en 2012, il a refait surface au moment du plan de relance du gouvernement pour déboucher sur un second projet. En octobre 2015, ARCOS/VINCI est désigné pour la seconde fois constructeur/concessionnaire du projet pour une durée de 54 ans (vous retrouverez toute l’historique du projet en dates par ici)

Controversé, le GCO est contesté depuis 20 ans par des élus, des agriculteurs, des citoyens et associations. Depuis plus de 10 ans, le collectif GCO Non Merci rassemble des citoyens des communes concernées par le tracé du Grand contournement Ouest, mais également de Strasbourg, qui pensent que la construction de cette autoroute à péage n’est qu’une fuite en avant. Il rassemble des élus, des agriculteurs, des citoyens et des associations, tous opposés au projet.

Et donc, dimanche dernier, 400 personnes se sont retrouvées en fin d’après-midi du côté de Pfulgriesheim. Des militants anti-GCO bien sûr, mais aussi des familles environnantes, avec leurs enfants, ont planté une centaine d’arbres et d’arbustes sur un talus non loin du tracé du contournement autoroutier, sur l’un des sites déboisés par Vinci. 34 ont même été donnés par un pépiniériste investi ! « Si Vinci rase à nouveau, nous replanterons encore et encore. Ces arbres, c’est un signe de vie, de réappropriation du territoire. Quand le GCO sera abandonné, parce qu’il le sera, cela pourra devenir une trame verte », martèle malicieusement Michel Dupont, du collectif GCO-non merci à France 3 Région.

Merci au collectif de montrer que la désobéissance civile, cela peut simplement être cela : des actes non violents initiés par des femmes et des hommes pleins de bon sens… Alors aux arbres, citoyens !