Avez-vous vu passer la campagne de publicité de C-Discount lors du Black Friday il y a deux ans ? Des panneaux 4 par 4 affichaient une Playstation 4 (à – 20%) avec une accroche efficace : «Votre fils n’a que deux ans et demi… mais vous pourrez vous entraîner en attendant». La signature ? «N’économisez pas votre plaisir.»
Nous sommes en 2019, tous les voyants du climat sont au rouge, depuis le 29 juillet l’humanité vit à crédit, on nous regarde de travers si on ne trie pas nos pots de yaourts, et, dans le même temps, on nous incite clairement à acheter des produits dont on n’a pas besoin… C’est même sensé être drôle. Bienvenue dans la schizophrénie ambiante qui atteint des sommets en cette période de pré-noël, et dont le Mont Everest sera assurément, cette année encore, le Black Friday.
Au départ, le Black Friday était la date à laquelle les commerces américains sortaient du rouge et devenaient rentables. Mais c’est évidemment oublié depuis longtemps : aujourd’hui, c’est devenu ce jour où les consommateurs assoiffés de promos s’insultent, se piétinent et se battent pour un téléviseur ou une robe sous le regard hilare de gens dont le seul réflexe, au lieu de sortir immédiatement d’une telle folie, est de sortir leur i-phone pour immortaliser le moment. C’est surtout devenu le jour le plus profitable de l’année pour les marques : l’an dernier, les Américains ont ainsi dépensé 6,22 milliards de dollars sur le net, selon des données fournies par Adobe Analytics, qui piste les transactions réalisées sur 80 des 100 plus gros e-commerçants des US, comme et Walmart.
On pourrait regarder cela de loin et se gausser tranquillement de l’autre côté de l’Atlantique. Mais horreur, le concept a débarqué en France en 2010. Et si ça n’a pas très bien pris au départ, les mentalités évoluent beaucoup plus vite sur ce genre d’événements que sur la cause des femmes ou le réchauffement climatique, au hasard : avec un panier moyen de 94 euros et une augmentation des dépenses de 71% par rapport à 2017, l’édition 2018 du Black Friday a été une réussite en France, selon le cabinet d’analyse HiPay
Comment vous convaincre de faire partie des 52 % ? Voyons voir…
Des gains colossaux pour les grandes enseignes, des rabais réels de 2% pour les consommateurs
Réfléchissons déjà à combien ça fait en chiffres. C’est très simple, et ça a plein de zéros derrière : le Black Friday 2018 a généré 50 millions de transactions bancaires en France, selon le Groupement d’intérêt économique (GIE) des cartes bancaires. De leur côté, les Américains ont battu un nouveau record en 2018 avec une dépense de 6,22 milliards de dollars sur Internet, soit un gain de 23,6% par rapport à 2017.
Le coup de maître des grandes enseignes de distribution ? C’est de nous faire croire que ce Black Friday est une aubaine pour nous, consommateurs, dans la mesure où nous allons faire des affaires formidables. Sauf que NON, en fait : selon l’association de consommateurs UFC-Que Choisir, les promotions du Black Friday ne font bénéficier les clients que de 2% de rabais en moyenne. C’est très simple, et ça n’a pas de zéro derrière.
En revanche, l’année précédente, ce sont 1400 commandes par minute qui se sont succédées sur le site Amazon (), soit 1.4 millions de produits vendus, permettant à l’entreprise de réaliser la journée la plus active de son histoire. Et ça nous fait une belle jambe, n’est-ce pas ?
Alors de grâce, ne cédons pas aux sirènes de la surconsommation. Le Black Friday ne va pas vous permettre de faire des économies. Il ne va pas vous aider à trouver un vélo moins cher pour votre petit dernier. Il va juste vous pousser à acheter une console de jeux dont vous n’avez pas besoin. Et il va permettre aux grandes enseignes de faire toujours plus de bénéfice en se fichant royalement de nous, des 25 millions de personnes victimes de travail forcé, et de notre planète.
La résistance s’organise
En 2017, Emery Jacquillat, PDG de la Camif, avait invité à boycotter le black friday. Il avait même décidé de « ne rien vendre ce jour-là » : le site de l’entreprise spécialiste de la vente à distance de mobilier était tout bonnement fermé. Et Emery Jacquillat d’expliquer : “ce dernier vendredi de novembre est une nouvelle illustration d’une surconsommation absurde, qui accélère l’épuisement des ressources de notre planète en appauvrissant des consommateurs déjà gavés de produits superflus, fabriqués à l’autre bout de la planète par des travailleurs trop souvent exploités”.
Il faut croire qu’il a montré la voix : du 29 novembre au 2 décembre, le «Black Friday» déferle en France. Mais 200 marques ont annoncé qu’elles ne participeraient pas à l’opération, pour des motifs écologiques. Et une tribune signée par des dizaines de personnalités vient d’être publiée pour appeler à ne pas suivre la journée commerciale du vendredi 29 novembre.
Vous êtes d’accord ? Rejoignez le mouvement : en lien avec nombre d’associations pour la justice climatique sociale, le Boycott Citoyen co-organise , et la t le 29 novembre prochain, jour du Black Friday. Vous voulez aller plus loin ? Participez à une campagne de décrédibilisation du Black Friday sur les réseaux sociaux : inscrivez-vous en envoyant un mail à !
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Depuis le mois d’octobre 2018, le Boycott Citoyen initie des boycotts au long court de certains produits et groupes (Nestlé, Coca-Cola, MacDo…) mais aussi de pratiques néfastes (le plastique à usage unique, les voyages professionnels en avion, la surconsommation lors des fêtes commerciales etc.).
Nous organisons régulièrement des journées sans achat pour initier des actions coup de poing et montrer l’impact de consommateurs qui prennent le pouvoir. Le Boycott Citoyen a également organisé 10 jours de résistance contre le plastique qui ont mobilisé des dizaines de milliers de personnes dans plus 40 villes en France en mai 2019.
Chaque jour, sur boycottcitoyen.org, retrouvez des articles qui vous aident à éviter les produits irresponsables, et à adopter de nouvelles pratiques respectueuses de l’environnement et de l’homme.
Sur la page Facebook du Boycott citoyen, la communauté des boycotteurs et boycotteuses citoyen.nes échangent leurs idées, astuces et bons plans, donnant du poids au mouvement global… Motivant !
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