Boycotter Total, c’est changer de paradigme… et faire preuve d’imagination

cr Bastamag

Total, c’est cela : des incursions inadmissibles dans les rares lieux de nature encore préservés, une stratégie d’investissement coûteuse en émissions de gaz à effet de serre… et des millions de personnes qui dépendant chaque jour d’une entreprise scandaleusement irrespectueuse de l’environnement et des enjeux colossaux que nous nous devons de prendre en compte pour survivre.
Alors boycotter Total, mission impossible ? Peut-être. Mais rien n’empêche, chacun à son niveau, de faire savoir sa colère de citoyen et de consommateur face à ce géant dont les émissions de gaz à effet de serre représentent à elles seules plus des deux tiers de l’ensemble des émissions de la France. Si notre objectif – puisque notre objectif – est de limiter drastiquement le réchauffement climatique dans les plus brefs délais, il est illusoire de penser que les changements conséquents que cela impliquera au quotidien se feront sans douleur. Oui, cela va être difficile. Non, cela ne va pas se faire sans efforts individuels et collectifs. Et oui, nous pouvons relever le défi. Nous le devons. Alors on ne baisse pas les bras, on se retrousse les manches et on fait preuve d’imagination :

En ville, zéro compromis
Quand on habite en ville, on peut facilement se passer de voiture à titre personnel – sauf en cas de force majeure de type déménagement, transport de personne à mobilité réduite, préparation d’événement et autres cas particuliers -. On privilégie le tram, le métro, le vélo, la marche à pied. Et si on l’on doit absolument prendre sa voiture, on tâche de faire du covoiturage et de mutualiser les trajets, voire de mutualiser sa voiture… Sharette, Trajet à la Carte, Wayz-Up ou encore ID Vroom, service de covoiturage courte distance lancé par la SNCF, se destinent à désengorger nos routes sur lesquelles de nombreux automobilistes sont seuls dans l’habitacle pour des courts trajets.

A la campagne, cap sur la mutualisation
Quand on habite à la campagne, les transports en commun sont plus rares, et la voiture devient un passage obligé pour beaucoup. Mais réduire sa consommation en énergies fossiles reste possible: on partage sa voiture avec d’autres utilisateurs si on ne l’utilise pas au quotidien en s’inscrivant sur des sites tels que Drivy, Ouicar, Koolicar ou autres plateformes de locations de voitures entre particuliers. Autre option, pour les conducteurs comme pour ceux qui n’ont pas de voiture : le covoiturage. Rouler autrement en partageant sa voiture avec des personnes effectuant le même trajet, cela permet en effet de réduire le nombre de véhicules sur les routes, de diviser entre plusieurs individus les frais d’essence et/ou de péage d’autoroute, de diminuer la pollution… et aussi de faire des rencontres et de rendre le trajet plus agréable ! Certains sites de covoiturage sont gratuits, comme Covoiturage Libre, la Roue Verte ou Roulez Malin, et il existe aujourd’hui une myriade de sites où vous trouverez forcément quelqu’un qui fait le même trajet que vous : Karzoo, ou encore Carpooling partout en Europe ne sont que quelques exemples.

Pour les trajets professionnels
Difficile parfois d’éviter la voiture quand son lieu de travail est inaccessible en transports en commun. L’option du covoiturage reste valable pour ces trajets quotidiens, qui peuvent dès lors devenir l’occasion de rencontrer des collègues et de nouer des amitiés ! Autre piste à explorer : celle du travail à domicile certains jours de la semaine. Avec l’essor des tablettes, smartphones et des tiers-lieux de travail, on peut tous devenir des travailleurs nomades, au moins à temps partiel. Selon une étude menée fin 2016 par Wrike, fournisseur privé d’accès internet de gestion de projet, près de 71% des entreprises françaises autorisent à des degrés divers leurs salariés à travailler à domicile. Plus représentatif encore, près de 20% des entreprises françaises (18,3%) autorisent leurs salariés à travailler à domicile sans restriction… Alors pourquoi pas la vôtre ? D’autant que cela peut également être avantageux pour votre boîte : il y a la possibilité de réduire ses coûts (moins de surface de bureaux, réduction des frais de transport, moins d’absentéisme, etc), mais aussi l’opportunité d’améliorer la performance de l’entreprise en optimisant la productivité des employés (réduction des trajets donc des retards, travail au calme…). En fonction de votre métier, vous pouvez en discuter avec votre patron et vos collègues, et initier un progrès dans votre entreprise… un léger changement de culture d’entreprise, au nom des générations futures !

Quand son boulot, c’est sa voiture
Reste la question épineuse des métiers dont la nature même amène à conduire un véhicule : routier, représentant commercial, agent immobilier, et autres métiers qui nécessitent de passer une grosse partie de sa journée au volant. Dans ces cas-là, on rentre dans le dur du sujet : si Total privilégie une stratégie de profit scandaleuse au détriment de l’environnement, les autres compagnies pétrolières ne sont pas non plus des anges. De fait, 100 entreprises spécialisées dans l’extraction de pétrole, de gaz et de charbon sont responsables de 70 % des émissions de gaz à effet de serre depuis 1988… Impossible donc de boycotter Total si c’est pour faire le plein chez BP ou Esso. Acheter un véhicule électrique ? Pas la panacée non plus, mais sur l’ensemble du cycle de vie, une voiture électrique émet deux fois moins de gaz à effet de serre qu’un véhicule thermique… A réfléchir, donc.
Une autre option, mais à moyen terme, à long terme même, pour ceux qui ont un métier directement lié à l’usage d’une voiture, consisterait également à réfléchir à une reconversion, pour privilégier une profession plus en accord avec leurs principes de vie au quotidien ? Lorsque l’on trie ses déchets, qu’on achète en circuits courts à des petits producteurs, et que l’on boycotte Coca-Cola, garder un emploi dépendant aussi lourdement des énergies fossiles et soutenant indirectement les compagnies pétrolières peut sembler ambigu…

Quand on a des amis chez Total
Vous avez des proches qui travaillent chez Total en tant qu’ingénieur, en tant que commercial, en tant que responsable marketing, en tant que communicant ? Comme ces 11.000 élèves qui se sont engagés à ne pas signer de contrat avec des entreprises en désaccord avec leurs valeurs, eux aussi peuvent changer la donne ! Sensibilisez-les : rappelez-leur qu’ils peuvent mettre leurs compétences au service de la transition énergétique, et les utiliser dans des domaines respectueux de l’environnement… Total, ce n’est pas une personne, mais des millions d’employés sans qui l’entreprise ne serait rien, ne l’oublions surtout pas.