Boycotter Nestlé, c’est bien. Boycotter Danone, c’est bien. Boycotter Coca-Cola et McDonald’s, c’est bien aussi. Mais si c’est pour aller acheter son burger, son soda ou ses yaourts chez des concurrents tout aussi peu scrupuleux, nous sommes bien d’accord, cela ne changera rien à l’affaire qui nous préoccupe. L’idée, ce n’est pas d’arrêter le McDonald’s pour se mettre au Quick, de passer d’Evian à Vittel. L’idée, c’est d’accompagner un changement profond de paradigme, de profiter d’une prise de conscience collective pour adopter des nouveaux réflexes, pour oublier notre quotidien « d’avant », celui qui ne tient plus la route face aux enjeux qui nous attendent.
On boycotte Coca-Cola, Nestlé, Danone et McDonald’s pour leur utilisation plus qu’abusive d’un plastique qu’ils ne se donnent pas la peine de recycler, ou de mettre en place des systèmes de consigne ? Les 89 milliards de litres d’eau en bouteille engloutis chaque année nous font mal à la tête rien que d’y penser ? On n’en peut plus des 120 millions de sacs qui échouent sur nos côtes chaque année ? Boycottons à la source, en évitant au maximum le plastique à usage unique, sans attendre qu’après les pailles, les pouvoirs publics prennent leur temps pour interdire les touillettes, puis les gobelets, puis les assiettes, puis les bouteilles, et autres produits en plastique qui détruisent notre environnement à petit feu. N’attendons pas les objectifs de la France pour 2020, les objectifs de l’Europe pour 2025, les objectifs de la COP 26. Agissons dès aujourd’hui, et montrons ainsi à nos gouvernants que oui, tout cela est possible, quand on le veut vraiment, parce qu’on le doit vraiment.
Se mettre aux plastic attacks
Et si, quand on allait faire ses courses, on déballait ses achats après les caisses (oui, on a le droit), pour ne pas s’encombrer des suremballages qui nous empoisonnent la vie (mais bien moins que celle des poissons et des oiseaux qui meurent de ce qu’ils ont dans l’estomac) ? Et si on participait à des plastic attacks ? Et si on en organisait ? Mouvement citoyen, gagne tranquillement du terrain, et peut nous accompagner dans nos initiatives. Visant à responsabiliser le secteur de la grande distribution sur sa surconsommation de plastiques, souvent superflus, et à affirmer la volonté des consommateurs de voir se développer des alternatives au plastique à usage unique, des « Plastic attacks » sont éditées régulièrement par le mouvement.
Eviter les supermarchés
Et si l’on cherchait par tous les moyens à éviter les supermarchés, puisque les alternatives existent ? Changer de paradigme, cela prend nécessairement du temps, et de l’énergie, cela implique de changer ses habitudes, voire ses réflexes, parfois profondément. Cela veut dire, avec le vocabulaire du moment, « sortir de sa zone de confort » (qui ne restera pas très longtemps si confortable, ceci dit, et tenons-le nous pour dit). Changer de paradigme, ce n’est pas simple. Mais c’est nécessaire. Absolument primordial et urgent. Alors acceptons que cela nous demande un tout petit effort : car non, cela ne sera probablement pas aussi simple et rapide que de remplir un caddie dans un supermarché.
Redevenir curieux
Et si on réapprenait à se montrer curieux ? Regardons si un marché coopératif n’a pas ouvert dans notre quartier, s’il n’y a pas une épicerie en vrac pas trop loin de chez soi, des producteurs qui passent dans le village certains jours de la semaine, ou au marché le dimanche. Faisons notre petite enquête, organisons-nous, faisons un peu de place dans notre vie pour apprendre à changer. Et puis regardons comment la corvée des courses de supermarché, sur fond de néons et de publicités braillées à la radio, pourrait se transformer en petite joie. Tout à l’heure, demain, ou ce week-end, on retroussera ses manches, on prendra ses sachets, ses bocaux, ses récipients, et on ira chez nos petits commerçants. On prendra plus de temps pour choisir de quoi l’on va se nourrir. On prendra plus de ce temps que l’on cherche toujours à gagner, mais dont on ne profite finalement jamais, à force de vouloir aller vite. On prendra ce temps. On fera ses propres yaourts, on se surprendra à être fier de soi, on s’amusera à trouver des recettes… On vivra.
Changer nos réflexes
Si on apprécie un petit café à la machine le matin au bureau, on se servira dans une vraie tasse, qu’on rincera après l’avoir utilisée.
A midi, quand on fera une brève pause pour aller chercher son sandwich à la boulangerie, on refusera la formule avec serviette en papier et bouteille en plastique incluse. On prendra un sandwich, on refusera le sac qui va avec, et on sortira sa gourde.
Quand on ira chercher un plat à emporter, on apportera avec soi son tupperware, et on refusera les couverts en plastique qui nous sont proposés.
Quand on se retrouvera avec un pot en plastique de fromage blanc vide, on le rincera, et on le gardera pour congeler la merveilleuse ratatouille de sa maman – ou de son papa ! – qui a fait exprès d’en faire trop pour que l’on puisse en ramener chez soi.
Faire preuve d’imagination
Dès aujourd’hui, on réfléchira. On réutilisera. On fera des cartes de vœux avec des couvercles en plastique, on fera des vases avec des bouteilles de shampoing, on fabriquera des paillassons avec des sacs en plastique découpés, on créera des fleurs avec des bouteilles, comme les merveilleuses . On arrêtera de résister au changement, on le prendra à bras le corps, on l’accueillera, et on mettra de la poésie là où c’est possible.
Afficher ses choix de consommation
Et puis pour faire savoir notre ras-le-bol d’un système qui nous dit qu’il va changer depuis 1992 mais qui rechigne encore à mettre le pied à l’étrier, pour dire à nos dirigeants et aux entreprises que nous sommes prêts, et que nous n’en pouvons plus de les attendre, dès aujourd’hui, affichons clairement nos choix de consommation. Les affichettes de chaque boycott citoyen sont proposées par ici : à nous de les diffuser dans nos messages, de les afficher sur les enseignes irrespectueuses, et de faire nous-mêmes notre pub de citoyens, quand nous croulons sous les annonces publicitaires mensongères, sexistes et immorales d’entreprises irresponsables.
Harcelons le politique, ne lâchons rien face aux lobbies, et obligeons-les à écouter nos voix de consommateurs, puisque nos voix de citoyens semblent ne pas porter assez pour être entendues.