Cible numéro 10 : Nestlé

Nestlé, déjà, c’est Nespresso. Et rien que pour ça, il faudrait le boycotter. D’ailleurs, on l’explique en long, en large et en capsules par ici.

Mais Nespresso n’est que le début du petit bout de la lorgnette de Nestlé, qui n’est rien de moins que la première entreprise agroalimentaire au monde, avec un chiffre d’affaires de 95 milliards de dollars. La multinationale attire les enfants avec Kitkat, Crunch, Smarties, Lion, ou encore Lanvin, elle fait croire aux femmes qu’elle les embellit avec l’Oréal, elle abreuve les foules avec San Pellegrino, Vittel, Perrier, et Pure Life, elle fait dans le luxe avec Ralph Lauren, Gorgio Armani, Diesel et Yves Saint Laurent, et elle cherche même à séduire nos chats avec Purina… Nestlé est partout. Et partout, elle propose une vision de la vie et des valeurs qui font mal aux hommes et à la planète.

Lait en poudre : scandale et aberration
Nestlé est le leader du marché du lait en poudre pour nourrissons. Dès les années 70, Nestlé fait la promotion de son lait en poudre en tant que substitut de lait maternel dans certains pays d’Afrique. Une idée très limite, quand on sait que l’accès à l’eau potable et les conditions sanitaires n’y sont pas toujours garantis… Et que le lait en poudre doit être mélangé à l’eau, pas toujours tout à fait potable, et c’est peu dire… Ajoutez un léger sous-dosage des quantités, une mauvaise aseptisation de la formule en biberon, des mères illettrées et inconscientes des risques encourus… Mélangez, et vous obtiendrez le drame : l’Organisation mondiale de la santé (OMS) estime qu’un million et demi de nouveau-nés meurent chaque année, faute d’avoir été nourris correctement au sein.… Evidemment, un code international de marketing à été dicté, mais Nestlé le contourne ingénieusement, proclamant par exemple que le lait de suite n’est pas concerné par les textes, et qu’il peut donc être promulgué tous azimuts et sans limitation. En 1996, une étude conduite par l’IBFAN en Pologne, au Bangladesh, en Thaïlande et en Afrique du Sud, avait interrogé 3200 femmes enceintes et mères et 800 agents de santé. Dans les quatre pays, des femmes avaient reçu des échantillons gratuits. La proportion allait de 0,3% des mères au Bangladesh, à 26% en Thaïlande. Dans ces pays, des «visiteuses» étaient venues vanter les mérites du lait en poudre, y compris dans les hôpitaux.

Commerce de l’eau : pas de scrupule, pas d’éthique
Nestlé, c’est aussi l’eau en bouteilles. Plus de 70 marques d’eau en bouteille… Une pollution plastique qu’on ne développera pas (mais on rappelle quand même que 89 milliards de litres d’eau en bouteille sont bues – et jetées ? – chaque année), alors que l’eau du robinet est bonne à la consommation dans la plupart des pays dits « développés » (parfois, on a un doute sur le terme), et que la production de l’eau en bouteille vient assécher les nappes phréatiques des pays où elle manque cruellement. Or M. Brabeck-Letmathe, président de la multinationale, estimait en 2012 que la question de la privatisation de l’eau pouvait être abordée de deux manières : « L’une est extrémiste, défendue par quelques ONG qui considèrent que l’eau est un bien public. » Balayant cette thèse, il précise son idée : « L’eau est une denrée alimentaire comme les autres et doit avoir une valeur marchande » (empruntée au documentaire We Feed the World). Dans une société où tout peut avoir une valeur marchande, où la majorité des terres ont été privatisées et où les entreprises des pays industrialisés achètent les droits d’émissions de CO2 aux entreprises qui rejettent moins de CO2 dans l’atmosphère, Nestlé considère que l’eau peut assurer la croissance de l’entreprise, dans notre monde où 2,4 milliards d’êtres humains n’ont pas accès à l’eau potable. D’ailleurs, en ce moment et ici même, la nappe phréatique de Vittel est en train d’être asséchée par la firme. Bravo Nestlé.

Huile de palme : zéro de conduite
Les Kitkat, il faut bien les fabriquer. Et pour le faire à bas coût, Nestlé n’hésite pas à détruire des dizaines d’hectares de forêt, en Indonésie notamment, au mépris de ceux qui y habitent. Greenpeace a fait en 2010 la lumière sur cette autre ignominie signée Nestlé, qui s’est engagée à rompre ses relations commerciales avec les producteurs qui détruisent les forêts. L’enquête publiée par Greenpeace le mois dernier confirme ce que l’on aurait pu soupçonner, quand on connaît la firme : Nestlé a rompu sa promesse, Et aujourd’hui encore, 25 producteurs d’huile de palme ont détruit plus de 130 000 hectares de forêts tropicales depuis 2015. Et il ne s’agit pas uniquement de destruction des forêts : exploitation de travailleuses et des travailleurs, conflits avec les communautés locales, plantations sans permis, plantations dans des zones censées être protégées, feux de forêts liés à des défrichages sauvages… Pourquoi être éthique quand on peut faire absolument n’importe quoi ? Merci Nestlé.

C’est le matin, et un surplus de mauvaises nouvelles pourrait nuire à notre équilibre mental, alors on va résumer la suite :  pollution illégale de cours d’eau, trafic d’enfants d’Afrique amenés en Côte d’Ivoire pour travailler sur les plantations de cacao de la firme, lait contaminé à la mélanine en Chine… Tout cela, c’est Nestlé. Merci encore !

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